La Paracha de la semaine (Béréchit, chap. 32, verset 25) nous raconte que la veille de la rencontre entre Essav et Yaakov, un homme est venu se battre avec ce dernier. Nos Sages nous dévoilent qu’en réalité, cet homme n’était autre que l’ange d’Essav qui représente les forces du mal dans le monde, et que l’on appelle plus communément le Satan ou le Yétser Hara. Ce combat qui se poursuivit toute la nuit n’était pas seulement physique mais aussi et surtout d’ordre moral et spirituel.
Aux premières lueurs, l’ange demanda à Yaakov de le libérer puisqu’en effet, l’aube arrivait. Le Midrach (rapporté par le commentaire de Yonathan ben Ouziel) nous explique que l’ange dit à Yaakov les paroles suivantes : « Depuis la création du monde, c’est toujours à ce moment-là que les anges Célestes commencent à chanter devant Hachem, et jusqu’à présent, je n’ai pas encore eu ce privilège. Aujourd’hui, cet honneur me revient. »
Ce Midrach est étonnant : comment se fait-il que l’ange ait choisi de venir se battre contre Yaakov précisément la veille d’un jour si important pour lui, un jour il est censé chanter devant Hachem ?
Le Baal Hatanya explique qu’en réalité, nous avons une fausse image du Yétser Hara. Lorsqu’il vient nous inciter à fauter, sa finalité suprême n’est pas de nous vaincre mais bien d’être vaincu !
Ce Satan, qui a été créé par Hachem et envoyé par Lui afin de nous éprouver, aspire à ce que l’homme se maîtrise et surmonte l’épreuve qui se trouve devant lui. Une fois ce test passé avec succès, cet ange des forces du mal arrive au but pour lequel il a été créé, et c’est à ce moment-là qu’il mérite de venir chanter pour glorifier la grandeur d’Hachem. De plus, il vient également chanter en l’honneur de l’homme qui a résisté à toutes ses tentations.
Donc en réalité, lorsque l’ange d’Essav révèle à Yaakov qu’il doit chanter aujourd’hui, c’est tout simplement parce que Yaakov est sorti victorieux de sa confrontation avec lui. C’est précisément cela qui lui a donné ce fameux privilège d’aller chanter ce même jour devant Hachem.
Dans le même ordre d’idée, le Baal Hatanya nous enseigne que lorsque nous sommes dérangés dans la prière ou l’étude de la Torah par de mauvaises pensées, il ne s’agit pas d’un mauvais signe. Bien au contraire, c’est un signe que nous sommes en pleine ascension !
En effet, il arrive souvent que nous fassions Téchouva sur une certaine faute. Cependant, généralement, cette Téchouva n’est réalisée que sur l’action de la faute et non sur sa pensée. C’est pourquoi lors d’une élévation morale et spirituelle telle que la prière ou d’autres Mitsvot, les mauvaises pensées liées à une faute viennent comme nous « supplier » de leur faire un Tikoun (réparation, expiation). Ce Tikoun consiste uniquement à faire un effort de concentration sur les mots de la prière et de l’étude de la Torah, en faisant abstraction totale de ces mauvaises pensées.
Ainsi, toutes les éventuelles perturbations de la vie quotidienne ne sont pas là pour nous faire tomber mais bien au contraire, elles viennent nous aider à perfectionner notre Téchouva et à réellement créer des anges qui ont le privilège de chanter la gloire d’Hachem !