Dvar Torah sur Roch ‘Hodèch

S’il y a une fête du calendrier juif dont l’importance est hélas négligée par ignorance, c’est bien Roch ‘Hodèch. Chaque début de mois, Hachem nous offre à nouveau l’opportunité extraordinaire d’opérer des changements dans notre vie. Découvrons ensemble la véritable dimension de Roch ‘Hodèch, ce Yom Tov négligé.

« Roch ‘Hodèch » signifie en hébreu « la tête du mois ». Or, dans le Talmud (Erouvin, 41a), il existe un principe selon lequel : « Tout va d’après la tête », à savoir qu’un processus avance toujours selon l’inclinaison de départ.

Rabbi Yonathan Eyebéshitz, dans son ouvrage « Yéarot Dvach » (partie 1-6), explique à l’appui de cette idée que l’essentiel de la réussite du mois à venir dépend de Roch ‘Hodèch. De la même manière que l’intensité avec laquelle nous vivons Roch Hachana et Yom Kippour déterminera les données de l’année à venir (ce qui explique l’importance de ces journées), de même Roch ‘Hodèch a un impact décisif pour le mois qui le suit.

Nos Sages expliquent dans le Midrach (Michlé, 9) qu’à la fin des temps, les fêtes du calendrier juif seront modifiées. Certains évènements seront supprimés, comme par exemple le jeûne du 10 Tévet qui commémore la destruction du Temple ; d’autres seront transformés, comme le 9 Av qui deviendra un jour de fête ; d’autres encore verront leur statut relevé, comme par exemple Roch ‘Hodèch qui deviendra presque équivalent aux Yamim Tovim de Pessa’h, Chavouot et Souccot.

Mais Roch ‘Hodèch a également une autre signification. En effet, « ‘Hodèch » signifie mois en hébreu, et ce terme provient de « ‘Hadach », qui signifie nouveau. Ainsi, Roch ‘Hodèch ne marque pas seulement le début d’un nouveau mois mais constitue aussi l’occasion de se renouveler. C’est le moment pour chacun de scruter ses actes, de réaliser une introspection et de prendre une nouvelle direction. Nos Sages nous enseignent (Pessa’him, 54a) qu’Hachem a créé la Téchouva, cette capacité « surnaturelle » d’effacer les fautes passées pour commencer un nouveau chapitre, avant même la création du monde. C’est l’une des vertus essentielles de Roch ‘Hodèch : permettre à l’homme de se renouveler en même temps que le mois.

Rabbi ‘Haïm de Volozhin explique dans son ouvrage « Néfech Ha’haïm » (portique 1, chap. 14) que l’âme du juif est composée de trois parties différentes : Néfech, Roua’h et Néchama. La partie la plus matérielle, la plus proche du corps, est le Néfech. La partie intermédiaire, à mi-chemin entre le Néfech et la Néchama, est le Roua’h. Enfin, la partie supérieure, la plus élevée spirituellement parlant, est la Néchama.

Or, le Zohar explique que pendant Chabbath, l’homme bénéficie d’un surplus de Néchama accordé par Hachem. Cet « ajout » lui est délivré graduellement notamment lors de la récitation de certains passages de la prière. Il est presque palpable. En effet, pendant Chabbath, nos vêtements, notre nourriture, notre façon de marcher et notre état d’esprit sont différents des autres jours de la semaine. Et le Ari Zal de préciser dans ses écrits que de la même manière que nous bénéficions à Chabbath d’une Néchama Yétéra (Néchama supplémentaire), de la même manière, le jour de Roch ‘Hodèch, nous bénéficions d’un Néfech Yétéra.

Qu’est-ce que le Néfech au juste ? Si nous nous penchons sur le texte de la Torah, nous découvrons que le Néfech a un lien intime avec la volonté. En effet, dans la Paracha ‘Hayé Sarah, lorsqu’Avraham entreprend des pourparlers pour acquérir le caveau de Makhpéla, il emploie le terme de Néfech pour signifier la volonté : « Im Yèch Ete Nafchékhèm » (« si vous le voulez » ; Béréchit 23, 8). En effet, cette partie de l’âme appelée Néfech est en réalité le siège de nos désirs et de nos envies. Ainsi, si nous bénéficions à Roch ‘Hodèch d’un Néfech Yétéra, cela signifie que nous recevons un surplus de volonté de la part du Créateur.

Dès lors, si vous ressentez un manque de motivation par rapport à une certaine Mitsva ou à n’importe quel domaine de votre vie, Roch ‘Hodèch est le moment idéal pour renforcer et préciser votre volonté. C’est le moment de prendre de bonnes résolutions, et celles-ci auront un écho pour le mois à venir et même au-delà. De même, c’est un jour propice pour éloigner de soi les pensées négatives et pour adopter une attitude positive et optimiste, qui nous permettra de nous épanouir dans la Torah et de décider d’envisager notre vie sous l’œil de la Emouna.

C’est là la grande Ségoula de Roch ‘Hodèch !