Notre Paracha contient plusieurs questions particulières : comment se fait-il qu’Its’hak voulait bénir son fils Essav ? Ne connaissait-il pas sa vraie nature ? Pourquoi Rivka n’était-elle pas d’accord avec son mari Its’hak pour bénir Essav ?
Le Rav Dessler, dans son ouvrage Mikhtav Mééliahou, répond à ces questions de façon magistrale (je vous conseille vivement de consulter son commentaire dont je ne reprends ici qu’un petit extrait).
Its’hak, pour qui la devise essentielle était la Rigueur (Midat Hadine), estimait qu’un grand Tsadik comme son fils Yaakov n’avait pas besoin d’aide ni d’aucun support dans le domaine matériel, et qu’il devait se suffire du strict minimum. C’est pourquoi il ne voulait pas combler Yaakov de bénédictions vis-à-vis de la réussite matérielle de ce monde-ci.
En revanche, Essav, qui était quant à lui éloigné de la Torah, avait besoin de recevoir ces bénédictions matérielles. C’est la raison pour laquelle Its’hak voulait a priori faire ce cadeau à Essav pour tenter ainsi de le rapprocher de la Torah (Its’hak connaissait le véritable niveau d’Essav, mais cependant, il n’arrivait pas à imaginer qu’il ne lui restait plus la moindre étincelle juive).
Par contre, Rivka estimait que même si Yaakov était au niveau de se suffire du strict minimum, malgré tout, le peuple d’Israël ne serait pas en mesure de surmonter de telles épreuves au fil des générations pendant plusieurs millénaires. C’est pourquoi elle a tenu à ce que le peuple d’Israël profite des bénédictions de son mari dans le domaine matériel.
Cela dit, la Torah nous demande de nous rappeler que tous les plaisirs matériels de ce monde ne sont pas une finalité, mais simplement un moyen de parvenir au véritable but : la spiritualité
(d’ailleurs, ces bénédictions ont été prises par Yaakov de façon indirecte afin de bien nous faire comprendre qu’il s’agit ici d’une situation a posteriori).
Tous les profits matériels de ce monde doivent être employés avec la plus grande prudence afin d’éviter de confondre l’accessoire et l’essentiel.